Un des faits les plus marquants du XXIe siècle pour ce qui concerne notre domaine est indiscutablement le développement de l’astrologie hellénistique et ce, grâce aux travaux de traduction des textes anciens initiés par le projet Hindsight dès l’année 1993. La littérature anglophone en la matière est désormais très vaste, avec de nombreux ouvrages qui valent leur pesant d’or, mais force est de constater qu’en matière francophone nous sommes loin du compte… Cette lacune est heureusement (et partiellement) comblée par la traduction en français (réalisée par Patricia Depasse) de cet ouvrage en néerlandais. La question qui y est abordée est ni plus ni moins celle du Destin : vaste sujet ! Et argument qu’on pourrait craindre trop théorique ; or, et c’est là sans doute son plus grand mérite, Martien Hermes parvient à être clair et didactique à la fois, avec un discours simple mais jamais simpliste et des démonstrations complètes sans être complexes. Un ouvrage qui pose de très bonnes questions et qui donne pas mal de réponses, mais surtout qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
CRITIQUE DES LIVRES ASTROLOGIQUES
Les livres analysés dans la revue trimestrielle Le Point Vernal
Agir et Subir – Le Retour du Destin en Astrologie
Astrologie Persane – Tome 1 & Tome 2
Le sous-titre de ces deux ouvrages aurait pu être : « L’astrologie en pire, ou de l’empire persan au tapis ».
Ce livre en deux tomes (dont le deuxième est aussi paru sous le nom d’Abu Moran) est une insulte à la langue française, qui est bafouée à chaque page, et une honte à l’astrologie, à laquelle l’auteur attribue un nombre incalculable de faussetés. Et, pour couronner le tout, c’est l’œuvre d’un plagiaire.
Qu’il s’agisse d’orthographe, de conjugaison ou de syntaxe, la grammaire en prend un coup, au point qu’on y perd son latin, mais son français aussi. Achever cette lecture c’est prendre le risque de ne plus savoir s’exprimer correctement tant les erreurs se succèdent, parfois par dizaines sur une seule page ! C’est un affront permanent à la langue française, sans cesse maltraitée. Et dire que parmi les crédits de l’ouvrage figure le nom d’une correctrice…
S’il est impossible d’énumérer les innombrables fautes d’orthographe, quelques perles méritent d’être relevées : dans le Tome 1, page 187, on apprend que Bérose fut un « astrologue hors père » (un orphelin sans doute…) ; par ailleurs, il est semble-t-il question d’un conflit spirituel ou religieux lorsque l’auteur évoque une « inflammation de la foi » (Tome 2, p. 110) ; heureusement, dans certaines circonstances, « l’homme trouve le salut fasse à la mort » (Tome 2, p. 309)…
Les erreurs techniques sont également légion, notamment au niveau des ères précessionnelles : pour ne citer qu’un exemple, dans le Tome 1, page 188, on lit que l’ère du Sagittaire se situerait vers l’an 6700 av-JC, ce qui est impossible.
Également, pour un événement survenu fin décembre 2014 par rapport à une personne née le 20/03/1984, la profection et la Révolution solaire sont calculées pour 2013, alors que ce devrait être pour 2014 ! (Tome 2, pp. 96-99). La même erreur se retrouve pour la profection calculant la mort du chanteur Claude François, né le 01/02/1939 et décédé le 11/03/1978 : la profection devrait être calculée pour l’année 1978, mais pas pour l’auteur, dont le raisonnement est pour le moins abscons : « Pour effectuer la profection, nous prenons la date de l’année en cours, c’est-à-dire l’année précédant la mort (…), en l’occurrence 1977 » (Tome 2, p.191).
Que dire aussi du fait que Vénus serait exaltée en Taureau (Tome 2, p. 162) : s’agit-il de confusion mentale ? C’est ce que l’on se dit lorsqu’on découvre dans un graphique à la page suivante (p. 163) que les axes des maisons ne sont pas droits : ainsi, la maison 2 tombe presque au milieu des Gémeaux et la maison 8 commence à la fin du Sagittaire ! Par ailleurs, « si Vénus (en maison 9) est affligé ou aspecté par Saturne, le né aura des pollutions en songes et se convertira à l’Islam » (Tome 2, p. 222) ; là, ce n’est plus de la confusion : c’est du délire.
Revenons aux attributions planétaires : dans le Tome 1, page 277, le Bélier est désigné comme le domicile diurne de Mars et (page 296) le Scorpion comme son domicile nocturne ; autrement dit une incompréhension totale de la différence entre diurne/nocturne et masculin/féminin.
Les propos contradictoires sont courants : dans le même paragraphe (Tome 1, p. 306), on apprend que les natifs du Verseau ont « rarement des opinions personnelles », mais qu’ils ont aussi « un coté (sic) anticonformiste et indépendant » : c’est que le Verseau est versatile ! Même principe pour les profections de l’horoscope et de la Lune à la maison VII (Tome 2, p. 41) : « les hommes (…) seront en outre menés par les femmes » ; or, à peine une ligne plus loin : « Le moment sera propice pour avoir affaire aux femmes »… Dans la même veine, la maison IV est tour à tour associée au père et à la mère, histoire de ne fâcher personne sans doute… (Tome 2, pp. 209-210).
Pour en revenir aux erreurs techniques, voilà un autre bijou (Tome 2, p. 225) : « Vénus en X, de jour ou de nuit (…) » ; par quel miracle Vénus en X peut-elle figurer dans un thème nocturne ? Toujours par rapport à la maison X : « La Lune en la Xème pleine et en exaltation signifie (…) possibilité de chute soudaine pour les natifs du Verseau ou Gémeaux » (Tome 2, p. 226) ; comment la Pleine Lune en Taureau (exaltée) peut-elle se produire en même temps que le Soleil est en Verseau ou en Gémeaux ? Même topo « si la Lune pleine ou montante se trouve aussi conjointe au Soleil » (Tome 2, p. 228) : comment la Lune peut-elle être à la fois pleine et conjointe au Soleil ? Il faut aussi envisager le cas « lorsque le Soleil est au 3e décan de Capricorne et Mercure en Gémeaux ou en Vierge (…) » (Tome 2, p. 294) : c’est hallucinant… Quant au tableau des conjonctions entre Jupiter et Saturne et de leurs mutations vers d’autres triplicités (éléments), il est presque entièrement faux à partir de l’an 1405 (Tome 2, pp. 387-388).
Les erreurs mythologiques valent aussi leur pesant d’or. Ainsi, aux pages 281 et 282 du Tome 1, les cyclopes et les titans sont considérés comme des divinités égyptiennes… Idem pour Hécate à la page 285 et d’autres dieux et déesses aux pages suivantes.
Quant à l’histoire, on est heureux d’apprendre que Louis XVI fut « un personnage très illustre de l’antiquité » (Tome 2, p. 100)…
On en arrive à un tel degré d’ineptie que cela en devient presque amusant (s’il n’y avait pas de quoi s’arracher les cheveux). Ainsi, dans le chapitre IV du Tome 1, consacré aux signes du zodiaque persan, le 1er décan de la Vierge serait (d’après Ghâyat al-Hakîm, pauvre de lui…) représenté par « une jolie fille (…) tenant à la main une grenadine » et qui boit un soda sans doute… Sans parler de l’oniromancie (l’art divinatoire de l’interprétation des rêves) qui devient (Tome 1, page 355), « l’orinomancie » (sic), et de l’inimitié des grands qui devient « l’intimité » (profection de Saturne à Mars, Tome 2, page 27), une erreur d’autant plus grave que cela change tout en termes d’interprétation… Et que dire de « l’année climatique » (profection de Jupiter à Mars, Tome 2, page 29), au lieu de « climatérique » ? Autrement, dans le Tome 2, p. 59, on découvre que la maison 3 en Taureau se traduit par de la « frigidité mentale », à moins que ce ne soit de la rigidité… On apprend aussi que les Gémeaux pourraient participer à une émission culinaire puisque « les deux étoiles principales des Gémeaux sont appelées (…) la pâte du Lion » : il vrai que le Lion aime mettre la main (pardon : la patte) à la pâte…
Il n’y a d’ailleurs pas qu’avec la langue française ou avec la mythologie que l’auteur est en rogne : avec les mathématiques aussi ! Ainsi, à la p. 97 du Tome 2, on apprend que « 24 + 6 = 29 » !
Enfin, et c’est beaucoup plus grave, il y a un réel souci dans le chapitre XII du Tome 2 (« Des planètes et de leurs vertus », à partir de la page 241) par rapport à un ouvrage de Benjamin Dykes Persian nativities, Vol. I (The Cazimi Press, 2009, pp. 308-317), que l’auteur ne cite pas (il ne fournit d’ailleurs aucune bibliographie, comme s’il avait tout sucé de son pouce…). Voici par exemple un extrait relatif à Saturne :
Version française (de notre inénarrable auteur) : « Si Saturne se trouve dans le domicile de Jupiter en nativité diurne, il signifie vérité, beauté et l’abondance de richesse. En nativité nocturne, il signifie un dispositeur aux affaires des rois et des princes. Il est possible que le père meure assassiné. »
Version anglaise (de Benjamin Dykes) : « And if he (Saturn) were in a domicile of Jupiter in diurnal nativities, he signifies beauty and an abundance of riches, and truth ; but if it were a nocturnal nativity, he will be an arranger in the matters of kings and great men, and perhaps his father will be killed. »
La ressemblance est frappante…
Quoi qu’il en soit, il s’agit indiscutablement d’un des plus gros torchons astrologiques qu’il ne m’ait jamais été donné de lire.
Éphémérides Graphiques et Prévisionnelles 1960 – 2060 Graphic Ephemeris for Forecast
La première édition, en 1998 aux éditions du Rocher, couvrait les années de 1920 à 2040. Cette nouvelle édition s’est étendue jusqu’en 2060 et elle débute 20 ans plus tard que la précédente. Quoi qu’il en soit, ces éphémérides que l’auteure a conçues il y a bientôt 30 ans sont un outil tout bonnement indispensable à la pratique astrologique : pour s’en rendre compte, il suffit de les tester pour ne plus vouloir s’en passer. Leur principe est simple (mais il fallait y penser !) : pour simplifier, il s’agit de représenter graphiquement les mouvements planétaires sur le zodiaque année par année (pages impaires) et les mouvements planétaires en longitude au premier jour de chaque mois (pages paires), ce qui permet de visualiser en un coup d’œil les mouvements de planètes lentes et les rétrogradations en particulier. Comme toujours avec les publications d’Astrid Fallon (voir son site fallonastro.com), la présentation est très soignée et l’esthétique est admirable : un travail d’une très grande qualité, qui s’apparente à de l’orfèvrerie ! Dans cette nouvelle mouture, outre certaines corrections indispensables, de nouvelles informations sont venues s’ajouter, dont les positions annuelles de Sedna et Éris, qui sont respectivement un objet transneptunien et une planète naine.
Jupiter & Saturn Cycles – Conjunctions and Oppositions Charts from Year One to 3000
Regrouper dans un ouvrage les cartes du ciel de toutes les conjonctions (et les oppositions) entre Jupiter et Saturne depuis le début de notre ère jusqu’en l’an 3000 relève du tour de force que l’éditeur a en l’occurrence parfaitement réalisé. Cela est d’autant plus utile qu’il est ainsi aisé de suivre les changements d’éléments associé à ce cycle, qui intéressait tant les Anciens puisqu’il était le plus lente d’entre tous et qu’il présente en effet une rythmicité singulière, qui en fait un modèle pour l’étude et la compréhension de l’Histoire. Deux tableaux offrent une vision d’ensemble qui est elle aussi digne du plus grand intérêt : la succession des conjonctions et oppositions dans les signes et dans les éléments sur cette période et, plus vaste encore, la suite des conjonctions sur pas moins de 6000 ans (de -2965 à 2994), qui permet une très belle visualisation des successions par éléments au fil des siècles et des millénaires. Je suis par ailleurs heureux d’avoir contribué à ce travail en fournissant en particulier le texte d’introduction The Jupiter-Saturn Cycle and History, que les lecteurs peuvent également trouver dans diverses traductions (allemand, espagnol, français et italien) sur mon site personnel (michael@mandlonline.com).
L’Astrologie – Le Grand Voyage en Soi et dans l’Avenir
On ne va certainement pas regretter l’année 2020 et la crise de la Covid qui l’a caractérisée, mais la période de confinement aura au moins eu quelque chose de bon : c’est de permettre à celles et ceux qui ont quelque chose à dire de le mettre par écrit ! C’est le cas de l’auteur, qui est une figure incontournable de l’astrologie contemporaine et ce, non parce qu’il a tenté d’apporter quelque innovation hasardeuse, mais parce qu’il est un digne héritier de la Tradition et aussi parce qu’il est un témoin privilégié de notre époque, de son Histoire dans ses nouveaux développements. Un ouvrage qui, sans jamais négliger son passé, est un témoignage très utile et pertinent pour comprendre l’état et le devenir de l’astrologie au XXe siècle. Cela est d’autant plus précieux que les écrits de l’auteur ne sont que trop rares.
Les Cycles Planétaires
On ne présente plus André Barbault, l’astrologue qui a incarné sans doute au mieux l’astrologie francophone au XXe siècle. Le nombre d’ouvrages qu’il a publié ne se compte plus et s’il a beaucoup œuvré pour la divulgation de l’astrologie, dans le bon sens du terme, son apport majeur se situe indiscutablement dans le registre de l’astrologie mondiale et plus particulièrement des grands cycles planétaires (autrement dit : les cycles des planètes lentes). Malheureusement, son apport en la matière est littéralement disséminé dans ses nombreux ouvrages, mais cette lacune est comblée par cette parution, qui date de cinq ans avant sa disparition. Certes, l’astrologie mondiale est un peu le « parent pauvre » de notre art, non parce qu’elle manque d’intérêt, au contraire, mais parce qu’elle ne nourrit pas son homme… Mais c’est justement La contribution majeure d’André Barbault de lui avoir redonné ses lettres de noblesse et tout son intérêt. Cet ouvrage est en ce sens un condensé tout simplement indispensable à quiconque s’intéresse à cette branche de l’astrologie : l’ouvrage est condensé, mais l’essentiel s’y trouve, et même plus.
Liber Astronomiae – Livres I à VI
Cette véritable somme astrologique, composée de six livres répartis en quatre volumes, peut être considérée comme l’encyclopédie astrologique de référence du XIIIe siècle, s’agissant de l’ouvrage le plus complet de son époque, qui compile les savoirs connus de l’époque et en particulier ceux issus des savants arabes.
Le premier volume, reprenant le Livre I, expose les fondements de la science astrologique. La lecture de ce seul volume permettrait aux astrologues contemporains qui considèrent la Tradition comme un ramassis de connaissances obsolètes et poussiéreuses de se rendre compte combien ils ont tort et tout ce qu’ils gagneraient en se replongeant dans ce que nos ancêtres ont exploré.
Le deuxième volume (Livres II et III), présente l’astrologie questionnaire et l’astrologie élective, autrement dit : comment répondre et à des questions précises et comment choisir le bon moment pour agir ?
Le troisième volume, qui couvre le Livre IV, est consacré d’une part à l’astrologie mondiale, essentiellement fondée sur l’ingrès annuel du Soleil en Bélier, et d’autre part à différentes Parts (dites arabes), dont certaines sont assez surprenantes, il faut bien le dire !
Le quatrième et dernier volume, qui rassemble les Livres V et VI, est pour sa part consacré aux nativités, autrement dit à l’interprétation des cartes du ciel individuelles, y compris dans le volet prévisionnel. À cela s’ajoute une partie finale consacrée aux changements atmosphériques, autrement dit à l’astrologie météorologique.
Au bout du compte, une œuvre incontournable pour tout astrologue qui se respecte et ce, partant du principe voulant que « qui ne connaît pas son passé est condamné à le revivre ». On ne peut par ailleurs que saluer le travail de traduction de Patricia Depasse, qui constitue un apport majeur à l’astrologie francophone. Qu’elle en soit vivement remerciée.
Ma Bible de l’Astrologie – Le guide illustré complet pour tout connaître de l’astrologie et réaliser son thème astral
Le titre et le sous-titre sont accrocheurs, mais l’ouvrage réalisée par Catherine Aubier vaut largement le détour. Comme à son habitude, l’auteure est très didactique sans jamais verser dans le simplisme : tous ses livres, et celui-ci en est la dernière démonstration en date, sont écrits avec autant d’aisance que de compétence. Cette « Bible » est un fait un très bon manuel panoramique à l’intention des curieux, qui aimeraient mieux comprendre les ressorts de notre art et ses applications, qu’ils soient néophytes ou étudiants. Comme souvent dans ce genre d’ouvrage, on y trouve quelques inexactitudes (ainsi, Percival Lowell n’est pas celui qui a repéré Pluton dans le ciel, alors que l’amalgame entre signes et maisons est discutable), mais ce ne sont que des approximations ou de petites erreurs vénielles. Pour le reste, cet ouvrage est suffisamment complet, très clair et toujours plein de bon sens.
CRITIQUE DES LIVRES DIVERS
Les livres analysés dans la revue trimestrielle Le Point Vernal
DONNEES DE NAISSANCE
Listez suivant le critère recherché