Astrologie Persane – Tome 1 & Tome 2

You are currently viewing Astrologie Persane – Tome 1 & Tome 2

Le sous-titre de ces deux ouvrages aurait pu être : « L’astrologie en pire, ou de l’empire persan au tapis ».

Ce livre en deux tomes (dont le deuxième est aussi paru sous le nom d’Abu Moran) est une insulte à la langue française, qui est bafouée à chaque page, et une honte à l’astrologie, à laquelle l’auteur attribue un nombre incalculable de faussetés. Et, pour couronner le tout, c’est l’œuvre d’un plagiaire.

Qu’il s’agisse d’orthographe, de conjugaison ou de syntaxe, la grammaire en prend un coup, au point qu’on y perd son latin, mais son français aussi. Achever cette lecture c’est prendre le risque de ne plus savoir s’exprimer correctement tant les erreurs se succèdent, parfois par dizaines sur une seule page ! C’est un affront permanent à la langue française, sans cesse maltraitée. Et dire que parmi les crédits de l’ouvrage figure le nom d’une correctrice…

S’il est impossible d’énumérer les innombrables fautes d’orthographe, quelques perles méritent d’être relevées : dans le Tome 1, page 187, on apprend que Bérose fut un « astrologue hors père » (un orphelin sans doute…) ; par ailleurs, il est semble-t-il question d’un conflit spirituel ou religieux lorsque l’auteur évoque une « inflammation de la foi » (Tome 2, p. 110) ; heureusement, dans certaines circonstances, « l’homme trouve le salut fasse à la mort » (Tome 2, p. 309)…

Les erreurs techniques sont également légion, notamment au niveau des ères précessionnelles : pour ne citer qu’un exemple, dans le Tome 1, page 188, on lit que l’ère du Sagittaire se situerait vers l’an 6700 av-JC, ce qui est impossible.

Également, pour un événement survenu fin décembre 2014 par rapport à une personne née le 20/03/1984, la profection et la Révolution solaire sont calculées pour 2013, alors que ce devrait être pour 2014 ! (Tome 2, pp. 96-99). La même erreur se retrouve pour la profection calculant la mort du chanteur Claude François, né le 01/02/1939 et décédé le 11/03/1978 : la profection devrait être calculée pour l’année 1978, mais pas pour l’auteur, dont le raisonnement est pour le moins abscons : « Pour effectuer la profection, nous prenons la date de l’année en cours, c’est-à-dire l’année précédant la mort (…), en l’occurrence 1977 » (Tome 2, p.191).

Que dire aussi du fait que Vénus serait exaltée en Taureau (Tome 2, p. 162) : s’agit-il de confusion mentale ? C’est ce que l’on se dit lorsqu’on découvre dans un graphique à la page suivante (p. 163) que les axes des maisons ne sont pas droits : ainsi, la maison 2 tombe presque au milieu des Gémeaux et la maison 8 commence à la fin du Sagittaire ! Par ailleurs, « si Vénus (en maison 9) est affligé ou aspecté par Saturne, le né aura des pollutions en songes et se convertira à l’Islam » (Tome 2, p. 222) ; là, ce n’est plus de la confusion : c’est du délire.

Revenons aux attributions planétaires : dans le Tome 1, page 277, le Bélier est désigné comme le domicile diurne de Mars et (page 296) le Scorpion comme son domicile nocturne ; autrement dit une incompréhension totale de la différence entre diurne/nocturne et masculin/féminin.

Les propos contradictoires sont courants : dans le même paragraphe (Tome 1, p. 306), on apprend que les natifs du Verseau ont « rarement des opinions personnelles », mais qu’ils ont aussi « un coté (sic) anticonformiste et indépendant » : c’est que le Verseau est versatile ! Même principe pour les profections de l’horoscope et de la Lune à la maison VII (Tome 2, p. 41) : « les hommes (…) seront en outre menés par les femmes » ; or, à peine une ligne plus loin : « Le moment sera propice pour avoir affaire aux femmes »… Dans la même veine, la maison IV est tour à tour associée au père et à la mère, histoire de ne fâcher personne sans doute… (Tome 2, pp. 209-210).

Pour en revenir aux erreurs techniques, voilà un autre bijou (Tome 2, p. 225) : « Vénus en X, de jour ou de nuit (…) » ; par quel miracle Vénus en X peut-elle figurer dans un thème nocturne ? Toujours par rapport à la maison X : « La Lune en la Xème pleine et en exaltation signifie (…) possibilité de chute soudaine pour les natifs du Verseau ou Gémeaux » (Tome 2, p. 226) ; comment la Pleine Lune en Taureau (exaltée) peut-elle se produire en même temps que le Soleil est en Verseau ou en Gémeaux ? Même topo « si la Lune pleine ou montante se trouve aussi conjointe au Soleil » (Tome 2, p. 228) : comment la Lune peut-elle être à la fois pleine et conjointe au Soleil ? Il faut aussi envisager le cas « lorsque le Soleil est au 3e décan de Capricorne et Mercure en Gémeaux ou en Vierge (…) » (Tome 2, p. 294) : c’est hallucinant… Quant au tableau des conjonctions entre Jupiter et Saturne et de leurs mutations vers d’autres triplicités (éléments), il est presque entièrement faux à partir de l’an 1405 (Tome 2, pp. 387-388).

Les erreurs mythologiques valent aussi leur pesant d’or. Ainsi, aux pages 281 et 282 du Tome 1, les cyclopes et les titans sont considérés comme des divinités égyptiennes… Idem pour Hécate à la page 285 et d’autres dieux et déesses aux pages suivantes.

Quant à l’histoire, on est heureux d’apprendre que Louis XVI fut « un personnage très illustre de l’antiquité » (Tome 2, p. 100)…

On en arrive à un tel degré d’ineptie que cela en devient presque amusant (s’il n’y avait pas de quoi s’arracher les cheveux). Ainsi, dans le chapitre IV du Tome 1, consacré aux signes du zodiaque persan, le 1er décan de la Vierge serait (d’après Ghâyat al-Hakîm, pauvre de lui…) représenté par « une jolie fille (…) tenant à la main une grenadine » et qui boit un soda sans doute… Sans parler de l’oniromancie (l’art divinatoire de l’interprétation des rêves) qui devient (Tome 1, page 355), « l’orinomancie » (sic), et de l’inimitié des grands qui devient « l’intimité » (profection de Saturne à Mars, Tome 2, page 27), une erreur d’autant plus grave que cela change tout en termes d’interprétation… Et que dire de « l’année climatique » (profection de Jupiter à Mars, Tome 2, page 29), au lieu de « climatérique » ? Autrement, dans le Tome 2, p. 59, on découvre que la maison 3 en Taureau se traduit par de la « frigidité mentale », à moins que ce ne soit de la rigidité… On apprend aussi que les Gémeaux pourraient participer à une émission culinaire puisque « les deux étoiles principales des Gémeaux sont appelées (…) la pâte du Lion » : il vrai que le Lion aime mettre la main (pardon : la patte) à la pâte…

Il n’y a d’ailleurs pas qu’avec la langue française ou avec la mythologie que l’auteur est en rogne : avec les mathématiques aussi ! Ainsi, à la p. 97 du Tome 2, on apprend que « 24 + 6 = 29 » !

Enfin, et c’est beaucoup plus grave, il y a un réel souci dans le chapitre XII du Tome 2 (« Des planètes et de leurs vertus », à partir de la page 241) par rapport à un ouvrage de Benjamin Dykes Persian nativities, Vol. I (The Cazimi Press, 2009, pp. 308-317), que l’auteur ne cite pas (il ne fournit d’ailleurs aucune bibliographie, comme s’il avait tout sucé de son pouce…). Voici par exemple un extrait relatif à Saturne :

Version française (de notre inénarrable auteur) : « Si Saturne se trouve dans le domicile de Jupiter en nativité diurne, il signifie vérité, beauté et l’abondance de richesse. En nativité nocturne, il signifie un dispositeur aux affaires des rois et des princes. Il est possible que le père meure assassiné. »

Version anglaise (de Benjamin Dykes) : « And if he (Saturn) were in a domicile of Jupiter in diurnal nativities, he signifies beauty and an abundance of riches, and truth ; but if it were a nocturnal nativity, he will be an arranger in the matters of kings and great men, and perhaps his father will be killed. »

La ressemblance est frappante…

Quoi qu’il en soit, il s’agit indiscutablement d’un des plus gros torchons astrologiques qu’il ne m’ait jamais été donné de lire.